Ce n’est pas tant une question d’aller jusqu’aux entrailles que de naviguer
dans les espaces liminaux de ce qui reste de ce qui a été de ce que l’on veut voir devenir.
Savoir où l’on existe. Savoir à qui l’on tend la main.
Savoir qui nous la mord.


« Je suis content·e que tu sois là. »

Pêle-mêle dire : moisissures/mémoire/voix/
fin du monde/lichen/sexe/poétique/transparence/
rituel/idéaliste/nu/fantômes/mots/mots/mots








Plasticien·ne  /  Directeurice artistique
Les fantômes est une capsule de 20min pensée à destination d’un jury et d’un public réduit,  une première ébauche de mise-en-scène de Post-Dust, présentée en juin 2019 à la Haute Ecole des Arts du Rhin, Strasbourg.

C’est la mise-en-scène/en espace de multiples éléments dont le nombre et la nature continue d’évoluer, dans une situation où le spectateur est amené à reconnecter les morceaux et traverser une image de notre futur présentée sous la forme d’un fossile.



Une salle de 75x15m est divisée en quatre espaces et temps que le spectateur est amené à traverser, guidé par des personnages muets portant des costumes translucides et des masques couverts de broderies qui imitent la mousse d’arbres.








Le second espace est celui où par dessus tout se raconte l’histoire, c’est aussi celui où le spectateur passera le plus de temps. Dans l’obscurité, les personnages fantômes circulent et se relaient pour faire apparaître tous les éléments. Des micro-actions s’enchainent. Ici, un fantôme écrit une suite de texto à un autre des fantômes et le bruit des notifications résonne dans l’espace alors que l’on tente de lire ce qui se dit.



Ici, un fantôme prend une pose alanguie sur une table sous laquelle une vidéo est diffusée, balançant sa jambe, il couvre par intermittence le corps nu qui semble flotter comme mort, sur l’écran.




Ici, un fantôme est attablé, occupé à écouter une voix solitaire dans un poste de radio tandis qu’une lumière rouge clignote. Ici, un fantôme lance une projection vidéo où deux corps costumés s’enlacent, et la regarde un moment avec nous.

Ici, un fantôme déchire méticuleusement les costumes que l’on a aperçu dans une vidéo.


Tout se passe à pas feutrés. Les spectateurs sont guidés par les bruits et les lumières des actions qui se déclenchent, parfois ils sont éclatés dans la pièce, parfois ils sont banc de poissons curieux qui bouge d’un seul mouvement.

A plusieurs reprises, un fantôme apporte aux spectateurs un objet de diffusion, un magnétophone duquel il faudra lancer la cassette, un vidéoprojecteur miniature qu’il faudra orienter vers un mur disponible. Dans ces moments-là il semble presque qu’ils nous disent qu’il nous faut raconter à notre tour.



Quand tout a été vu, quand tout a été épuisé, les fantômes se dirigent tous vers l’espace suivant où deux bâches blanches encadrent un cercle de lychen et de mousse des bois au sol.





Quand le cercle est traversé, un fantôme amène au premier personnage, celui au k-way, un rétro-projecteur cassé. Le personnage raconte alors une histoire, une légende familiale plus qu’autre chose, qui parle de rêves de fin du monde et de femmes voyantes. Tout du long il passe des transparents sur le rétroprojecteur. La mise au point ne marche pas, il faut bouger et tatônner pour que brièvement l’image soit nette si bien que parfois, on pourrait croire que les images dansent.



L’histoire se finit. Le personnage traverse l’espace et ouvre une grande porte métallique, soudain la chaleur et la lumière du soleil interrompent la pénombre. Le personnage se tourne vers les spectateurs :
« Alors, tu viens ?»


photos : Lou Morlier